En 2020, les français ont produit 20 millions de tonnes de déchets sur l’ensemble du cycle de vie des services numériques, soit une production égale à 299 kg / habitant.
Face aux enjeux d’une société de plus en plus digitalisée et de plus en plus dépendante aux services numériques, l’ADEME souhaite alerter sur les impacts environnementaux négatifs du numérique et identifier les leviers pour les réduire.
Les enjeux environnementaux des services numériques
L’empreinte environnementale du numérique va au-delà des émissions de gaz à effet de serre, et intègre les consommations de ressources non renouvelables, les impacts sur la biodiversité, l’eau et la consommation d’énergie.
Quelles sont les principales causes responsables de l’impact environnemental du numérique ?
Les premiers responsables des impacts du numérique sont les terminaux « utilisateur », c’est-à-dire les appareils électroniques (79 % des impacts), suivi par les centres de données (16 %) et les réseaux (5 %).
Quels sont les principaux leviers d’action pour réduire l’impact écologique du numérique ?
Les principaux leviers sont basés sur une approche multicritère qui utilise différents indicateurs. Le principal indicateur est l’empreinte carbone sur le changement climatique.
D’autres indicateurs permettent de quantifier l’impact environnemental du numérique en France. Parmi ces indicateurs quantitatifs il y a les radiations ionisantes et l’épuisement des ressources abiotiques fossiles et naturelles (minéraux et métaux).
Quels outils permettent de quantifier l’impact environnemental ?
Dans le domaine de l’évaluation globale et multicritère des impacts environnementaux, l’analyse du cycle de vie (ACV) est l’outil le plus abouti. Il permet de quantifier les impacts d’un produit (bien ou service) numérique depuis l’extraction des matières premières qui le constituent jusqu’à son élimination en fin de vie.
L’analyse du cycle de vie est décrite par la norme ISO 14040:2006 qui propose une méthodologie pour analyser les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service à chaque étape de son cycle de vie. Cette approche retient cinq grandes étapes : la conception > la fabrication > la distribution > l’utilisation > la fin de vie.
Pour aller plus loin sur ce sujet, il existe des bases de données ouvertes (Ademe, Github) ainsi que des bases privées (Negaoctet). Il est également possible de trouver des référentiels d’évaluation environnementale basés sur l’analyse du cycle de vie.
S’engager dans une démarche d’éco-conception d’un site web
Depuis quelques années, l’empreinte environnementale des sites web explose. En appliquant une démarche d’éco-conception au web, nous pouvons réduire considérablement les impacts et les coûts des sites tout en augmentant leur performance et donc l’expérience et la satisfaction des utilisateurs.
L’éco-conception web permet de minimiser l’impact environnemental du service numérique en intervenant à chaque étape du cycle de vie.
Analyser les étapes du cycle de vie selon la méthode Green IT
Le collectif GreenIT.fr base l’ensemble de ses travaux et de ses outils sur le standard ISO 14040 en retenant les étapes suivantes : spécification > conception > réalisation (fabrication / développement) > production > utilisation > support / maintenance et fin de vie.
Étape 1 : la spécification
La phase de spécification consiste à prendre en compte les besoins du client pour ne mettre que des fonctionnalités essentielles et supprimer les fonctionnalités non utilisées. Il s’agit d’une première étape importante puisque plusieurs études démontrent que 70 % des fonctionnalités demandées par les utilisateurs ne sont pas essentielles et que 45 % ne sont jamais utilisées.
Étape 2 : la conception
Lors de la conception du site web, adopter une sobriété numérique permet de baisser le poids des pages et augmente, ainsi, la performance d’affichage. En proposant notamment à ses usagers uniquement les fonctionnalités utiles, sans ajouter de « gras » (sobre), cela réduira naturellement l’empreinte environnementale d’un site Web. D’après Green IT, le poids d’une page web a été multiplié par 115 entre 1995 et 2015.
Étape 3 : la réalisation
Lors de la réalisation du site, certaines actions sont à privilégier comme préférer le texte à la vidéo et optimiser la taille des images. Il est également possible de ne charger que ce qui est indispensable, favoriser des polices de texte standard ainsi que préférer les pages statiques.
Étape 4 : la production
Lors de la phase de production, il est conseillé de réduire le nombre de serveurs nécessaires pour une utilisation optimale des ressources et un site moins énergivore. Ainsi que privilégier les fournisseurs d’électricité, hébergeurs, navigateurs les plus écoresponsables et respectant l’éthique et la vie privée. Par exemple MicroSystem utilise le navigateur Brave ou l’hébergeur Infomaniak qui répondent à ces normes d’écoresponsabilité.
Étape 5 : l’utilisation
Les bonnes pratiques lors de l’utilisation d’appareils numériques consistent à compresser les documents et à supprimer le téléchargement et la lecture automatique des vidéos.
Pour permettre au plus grand nombre d’utiliser un site Internet, il faut qu’il soit accessible à tous (personnes en situation de handicap ou n’étant pas à la pointe de la technologie). Pour faciliter la lisibilité des contenus pour les malvoyants, il existe la typographie Luciole qui a été conçue en collaboration avec le Centre Technique Régional pour la Déficience Visuelle et le studio typographies.fr. On peut aussi citer la typographie Atkinson, créée et mise à disposition par Braille Institute of America.
Étape 6 : la maintenance et la fin de vie
Afin de ne pas contribuer au phénomène d’obsolescence programmée, il est conseillé de concevoir un service numérique compatible avec un large panel d’équipement.
L’utilisation d’un logiciel d’entretien permet de prolonger la durée de vie des équipements. Tout comme l’achat de produits d’occasion que nous soutenons chez MicroSystem.
Il est également essentiel de mettre en place un plan de fin de vie en définissant une politique d’expiration de suppression des données.
Chaque étape d’analyse du cycle de vie des services numériques est importante. Toutefois, plus on intervient tôt dans le cycle de vie et plus les effets des leviers sont forts.
Une démarche qui ne se limite pas à l’environnement
L’idée d’éco-conception s’inscrit dans une démarche plus large de « conception responsable ». Cette conception répond aux enjeux du développement durable. A savoir, la préservation de l’environnement, l’amélioration de la condition humaine et une plus grande performance économique.
L’enjeu environnemental est le principal pilier du principe d’éco-conception web.
Le pilier social s’exprime en l’amélioration de la condition humaine à travers le degré d’accessibilité du numérique et par la capacité à réduire la fracture numérique. Plusieurs référentiels comme le WCAG et le RGAA traitent de l’accessibilité.
Le pilier économique se traduit par la réduction des coûts.
En ne traitant que le pilier environnemental, nous traitons seulement un tiers des actions que l’on peut mettre en place pour aboutir à un numérique responsable. Pour avoir une vision plus large de l’éco-conception web, il faudrait se renseigner sur les démarches sociales et économiques.
Sources :
Bordage, F. (2022, 12 mai). Ecoconception web : les 115 bonnes pratiques : Doper son site et réduire son empreinte écologique. EYROLLES.
Pitron, G. (2021, 15 septembre). L’enfer numérique : Voyage au bout d’un Like. Les Liens qui Libèrent.
https://www.greenit.fr/
https://www.hellocarbo.com/blog/reduire/sobriete-numerique/
https://www.hellocarbo.com/blog/reduire/3-piliers-du-developpement-durable/
https://www.ecologie.gouv.fr/feuille-route-numerique-et-environnement
Atelier calcul empreinte SI organisé par l’INR
Dossier de presse. Numérique responsable : et si nous adoptions les bons réflexes ? Ademe, janvier 2022
https://expertises.ademe.fr/production-durable/lecoconception/dossier/evaluation-environnementale-ecoconception/outils-methodes